Compte tenu de la crise inédite que traverse France Médias Monde depuis que la désignation de sa Présidente Directrice générale a été frappée de nullité, la CFTC-FMM a adressé hier une lettre au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour exprimer au régulateur ses plus vives inquiétudes sur la situation dans laquelle se retrouvent l’entreprise et ses salariés.
Cette crise de gouvernance suscite l’incompréhension et survient au pire moment pour notre entreprise, alors qu’elle doit poursuivre ses efforts de modernisation pour faire face à une concurrence de plus en plus vive au sein d’un environnement en constante mutation. Des décisions structurantes doivent être prises sans tarder, concernant notamment la nécessaire transformation numérique, véritable enjeux de survie pour nos médias.
Alors que se décide actuellement une réforme de grande ampleur de l’audiovisuel public, France Médias Monde se retrouve à son tour fragilisée, privée d’une représentation légitime pendant la phase de consultation. Le flot quasi-ininterrompu d’annonces chocs sur le contenu supposé de cette réforme contribue à entretenir un climat anxiogène pour les salariés d’une entreprise décapitée et devenue de facto inaudible.
Chaque année, France Médias Monde est la seule entreprise de l’audiovisuel public à présenter un budget à l’équilibre, en dépit d’un cadre budgétaire contraint et de marges de manœuvres réduites qui ont parfois pu nuire à la sérénité du dialogue social. Cette exception notable dans un secteur chroniquement déficitaire ne serait pas possible sans l’implication sans faille et les efforts de salariés qui sont déjà parmi les plus polyvalents du secteur.
Notre groupe a déjà été suffisamment éprouvépar le passé, entre des querelles d'égo dont la presse faisait ses choux gras et un projet de fusion mal conçu et mis en œuvre dans la douleur. À l'époque, les salariés furent les premières victimes des longs mois d'incertitude et d'immobilisme qui précédèrent le dernier changement de présidence. France Médias Monde ne peut revivre pareille instabilité à un moment aussi crucial de son histoire.
La CFTC réitère sa demande de suspension des consultations concernant la réforme de l’audiovisuel public tant que la crise actuelle n’est pas résolue et que FMM n’est pas en état de prendre pleinement part aux discussions.
La CFTC-FMM prend acte avec un étonnement teinté d’incrédulité de l’annulation du mandat de la Présidente directrice générale de France Médias Monde.
Cette sanction soudaine prononcée par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, en raison d’un simple oubli administratif, a en effet de quoi surprendre.
Après la révocation du PDG de Radio France, Mathieu Gallet, fin janvier et l’instruction en décembre dernier d’une plainte vieille de deux ans visant la nomination de Delphine Ernotte à France Télévisions, France Médias Monde se retrouve à son tour fragilisée.
Cette décision soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir immédiat de France Médias Monde, tant sur sa gestion au quotidien que sur les décisions stratégiques, y compris sur la validité de celles prises depuis le 5 décembre. Dans l’attente de la confirmation d’un Président par intérim par le Conseil d’administration, FMM se retrouve à l’arrêt.
Sans pour autant y voir une action délibérée et coordonnée de déstabilisation des groupes audiovisuels publics alors que se prépare une réforme d’une ampleur sans pareille depuis l’éclatement de l’ORTF, on peut légitimement s’étonner de la concomitance des actions visant leurs dirigeants.
La CFTC s’inquiète vivement de cette situation qui prive nos entreprises d’une représentation légitime à un moment crucial pour leur devenir et demande la suspension de la consultation engagée par le gouvernement pour réformer l’audiovisuel public.
Depuis plusieurs années la CFTCinvite la direction à prendre la mesure des défis qu’elle doit relever pour enfin entamer la transformation numérique de FMM et s'adapter aux nouveaux usages qui bousculent les médias et leur imposent de repenser leur organisation.
Lors du CE du 29 novembre, les élus CFTC ont demandé qu’on leur présente une stratégie lisible et cohérente pour négocier efficacement le virage du numérique. Force est de constater que la Direction n’a pas de vision et que sa stratégie se résume à quelques créations de postes mal ciblées et un nouveau pôle data, chargé de l’analyse des mesures d’audience et de trafic.
Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?
Un esprit d’innovation qui laisse place à un attentisme coupable, des sites mal référencés, au design vieillot, des pages web difficiles à mettre à jour, un projet vidéo mort-né ou encore des réseaux sociaux laissés à l’abandon le soir et le week-end, comme si le monde s’arrêtait de tourner en dehors des horaires de bureau…
Les symptômes du mal qui ronge les environnements numériques sont nombreux, de sorte que la Direction, malgré une communication emphatique, peine de plus en plus à dissimuler le désastre numérique qui se profile.
DES EFFECTIFS INSUFFISANTS...
Sur le plan des ressources humaines, la CFTC déplore le départ de sept profils hautement qualifiés de la direction des environnements numériques, en seulement deux ans. Alors que le marché du travail connaît un engouement confirmé pour les métiers du numérique, les départs déciment également la rédaction internet et témoignent d’un malaise grandissant et de l’absence de perspectives pour les salariés.
...DES RÉSULTATS EN TROMPE-L'OEIL
Alors que 2017, année présidentielle, avait tout pour être un bon millésime, nous apprenons que le bilan numérique de France Médias Monde serait en-dessous des objectifs espérés et que la performance des réseaux sociaux serait en net recul, notamment sur France 24, pour la première fois de son histoire. Plutôt que d’être moteurs de cette révolution numérique, nous la subissons !
Ce constat suscite les plus vives inquiétudes. Quel avenir pour nos médias en l’absence d’une stratégie numérique que la direction se montre incapable de définir ? Comment faire face à des concurrents aux ambitions et aux moyens sans commune mesure avec les nôtres ? Comment répondre aux attentes d’un public de plus en plus connecté et qui se détourne des médias traditionnels ? Comment renouer avec l’innovation et remplir nos missions de service public dans un environnement en pleine mutation ?
Toutes ces questions doivent interpeller la Direction et la pousser à prendre ses responsabilités tandis que la vaste réforme de l’audiovisuel public voulue par le gouvernement se prépare activement. Le chantier de la transformation numérique, laissé en jachère depuis deux ans, doit impérativement être relancé et devenir une priorité dans les faits et pas seulement dans les mots.
Dans le cadre du projet de loi de finances 2018 et des crédits accordés à l'audiovisuel public, la CFTC de France Médias Monde a été entendue le 26 octobre par la commission de la Culture, de l'éducation et de la communication du Sénat. Cette audition intervient dans un moment crucial où l’exécutif fait de la maîtrise des dépenses publiques une priorité.
UN BUDGET REVU A LA BAISSE
Notre délégation syndicale a vivement exprimé le sentiment d’incompréhension et les inquiétudes des salariés quant à la baisse du budget initialement prévu par le COM (le Contrat d’Objectifs et de Moyens 2016-2020 signé entre France Médias Monde et l’Etat).
La CFTC a contesté cette baisse de budget qui vient fragiliser nos médias dans un paysage concurrentiel de plus en plus vif et face à des concurrents disposant de moyens financiers bien supérieurs.
Nos mesures d’audience affichent une constante progression dans une zone de diffusion qui compte maintenant 180 pays. Ces résultats sont le fruit du travail acharné et de l’implication sans faille des salariés de France Médias Monde qui sont pressés de produire toujours plus et qui sont aujourd’hui parmi les plus polyvalents de l’audiovisuel public.
Pousser plus loin cette logique de « polyvalence » aurait un impact négatif certain sur la qualité de nos antennes et mettrait à mal une organisation du travail qui a déjà réalisé tous les gains de productivité possibles.
VERS UN REGROUPEMENT ?
Depuis quelques années, des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, pour réclamer le regroupement de l'ensemble des acteurs de l'audiovisuel public au sein d'une même entité, une sorte de BBC à la française. La CFTC est farouchement opposée à la création d’une structure commune qui fournirait des contenus et journaux (tv et radio) clés en main à des marques qui se verraient ainsi réduites à de simples canaux de diffusion.
Un tel scénario, s’il venait à se concrétiser, serait extrêmement préjudiciable à l’indépendance et la pluralité de l’information, dans un pays où l’essentiel des médias est déjà sous le contrôle d’une poignée de grands groupes industriels
Plutôt qu’un regroupement, la CFTC soutient la création d’un Comité de pilotage stratégique qui réunirait présidents et acteurs principaux des différents groupes pour définir une politique transverse cohérente axée sur des projets communs. Il permettrait par ailleurs d'augmenter le nombre de productions internes en mutualisant une partie des coûts et s'emploierait à mieux valoriser les contenus spécifiques sur l’ensemble des antennes et plateformes numériques publiques.
Notre proposition est le reflet de notre vision réformiste globale et de notre volonté de voir fédérer les différentes composantes de l’audiovisuel public autour d'une ambition commune respectant l’identité et la spécificité de chaque acteur.
LE MONDE NOUS REGARDE... L’AVENIR AUSSI !
Lors de l’audition, la CFTC a insisté sur l’importance, voire la nécessité d’une réforme en profondeur de notre mode de financement. Ce dernier doit s’adapter à la réalité des nouveaux usages numériques et garantir la prévisibilité et la pérennité du financement de l’audiovisuel public et ainsi lui permettre de relever les défis auxquels il fait face.
Les salariés de France Médias Monde s’acharnent à faire leurs métiers avec sérieux et professionnalisme, dans un environnement en pleine mutation et en l’absence de cap clairement fixé par un État-actionnaire dont les ambitions stratégiques pour notre entreprise sont parfois difficiles à décrypter.
Avant d’envisager telle ou telle restructuration, l’État se doit de clarifier les missions qu’il entend confier à son audiovisuel extérieur, lequel participe activement au rayonnement de la France et à la diffusion de ses valeurs partout dans le monde.
Le Sénat a rétabli jeudi en commission des Finances les crédits du groupe France Médias Monde au niveau prévu par son contrat d'objectifs et de moyens (COM) dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2018, a annoncé la commission.
Et si l’audiovisuel public se trouvait à la veille d’un nouveau big bang ? D'après un document de travail du ministère de la culture révéléhier après-midi, le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement envisage l’avenir de France Télévisions, de Radio France, de France Médias Monde et de l’INA sans aucun tabou.
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé lundi soir son intention de porter plainte contre X après la publication de documents "internes", "non validés", contenant des "pistes de travail" pour réformer l'audiovisuel public.
La « contribution au Comité Action Publique 2022 » que « Le Monde » s’est procurée veut réformer en profondeur l’audiovisuel public. « C’est un document de travail », dit le ministère.
L'Institut national de l'audiovisuel (INA) veut se rapprocher de France Télévisions pour construire en commun une plateforme publique de vidéo à la demande, a indiqué l'institut au gouvernement .
Mathieu Gallet, PDG de Radio France, a quinze jours pour rendre au gouvernement ses propositions de réforme de l'audiovisuel public. Il propose notamment une réforme de la redevance.
« Le Rapporteur de la mission Médias, Livres et industries culturelles a mis en évidence les difficultés du groupe France Médias Monde en raison de la diminution de sa dotation par rapport au contrat d’objectifs et de moyens (COM). La commission des finances a ainsi adopté, sur sa proposition, un amendement qui augmente la dotation proposée par le Gouvernement pour 2018 de 1,9 million d’euros, pour la rétablir au niveau prévu par le COM.
La baisse des ressources publiques de l’audiovisuel extérieur en 2018 conduirait la direction de France Médias Monde à devoir réaliser des économies sur certaines des missions du groupe, et donc à revoir sa couverture internationale à la baisse.
Il est au contraire nécessaire de préserver l’exercice des missions de France 24, dans un contexte international où la solidité et la crédibilité de l’outil audiovisuel extérieur sont un atout pour la diplomatie d’influence française.
La commission des finances a donc décidé de diminuer, pour un même montant, les crédits de la dotation de France Télévisions, davantage en capacité d’absorber cet effort sans remettre en cause les missions qui lui sont assignées, pour laisser à France Médias Monde le temps utile pour conduire une réflexion stratégique d’ensemble et évaluer des mesures d’économies adaptées. »