France Médias (Monde) ?
Publié le 26 Septembre 2019
La CFTC alerte de longue date sur les risques que présente un regroupement des différentes sociétés de l’audiovisuel public au sein d’une structure unique. Dès le 15 juin 2015, nous mettions en garde contre cette volonté quasi-obsessionnelle de créer une entité qui n’est pas sans rappeler l’antique ORTF.
Le fantasme d’une « BBC à la française » a décidément la vie dure. L’actuel Ministre de la Culture plaidait déjà pour un rapprochement entre France Télévisions, Radio France et France Médias Monde en 2017. (Cf. Interview de Franck Riester)
France Médias va-t-elle mettre le Monde entre parenthèses ?
Dès 2023, la future holding décidera seule de la répartition du budget de l’audiovisuel public entre les différentes sociétés qui le composent. Dès lors, l’audiovisuel extérieur ne risque-t-il pas de pâtir d’arbitrages rendus par une instance qui se préoccuperait avant tout des enjeux nationaux et dans laquelle ses salariés ne seraient même pas représentés ?
En effet, conformément à la loi de 1983 sur la démocratisation du secteur public, le projet de réforme ne prévoit pas plus de deux administrateurs représentant les salariés au Conseil d’administration de la future holding. Lorsque l’on sait que France Télévisions et Radio France totalisent près de 15 000 salariés tandis que France Médias Monde n’en compte que 1 533 (et l’Ina 943), la perspective de voir un jour au CA un élu issu de FMM paraît très improbable.
Dans ces conditions, la voix de FMM ne compterait que de manière marginale et ses missions stratégiques pourraient bien être remises en questions. La CFTC de FMM demande donc au Ministre de la Culture et au parlement de prévoir les garanties d’une représentation équitable de l’ensemble des salariés de l’audiovisuel public au CA de France Médias, et de préserver la spécificité et les missions de l’audiovisuel extérieur au sein du nouvel ensemble.
Enfin, sans nous livrer à un exercice d’anticipation, l’expérience nous a prouvé à plusieurs reprises que les holdings ne sont qu’un prélude à une réforme de plus grande ampleur.
L’État, notre actionnaire commun, n’a malheureusement qu’une vision strictement comptable de son audiovisuel public et les perspectives d’économies sont pour lui infiniment plus importantes que les projets de développement visant à inscrire nos entreprises dans la modernité et leur permettre de faire face à une concurrence de plus en plus rude et toujours plus déterminée.
Les mutualisations, les synergies et les économies d’échelle ne peuvent constituer notre seul horizon. L’audiovisuel public a plus que jamais besoin d’un dessein clair, d’une ambition réaffirmée et d’une trajectoire budgétaire stabilisée.